Les Echos.fr Par Valerie Froger | 05/02 | 00:19

Consommation collaborative, Silver économie, objets connectés, développement durable… Ces tendances technologiques et sociales ouvrent la voie à de nouveaux business dans tous les secteurs.

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rouver la bonne idée, sur un secteur porteur, à l’abri des retournements conjoncturels et des phénomènes de mode est évidemment le Graal de tout entrepreneur, mais rare est celui qui se lève le matin en criant : « Eurêka ! » Car une bonne idée suppose d’être attentif à l’environnement, aux ruptures et aux écarts. « Il faut arriver à détecter les signaux faibles. En observant ce qui se passe aujourd’hui, un créateur peut anticiper ce qui marchera demain », analyse Philippe Cahen, conférencier et prospectiviste. Pas toujours évident mais les caractéristiques de notre société actuelle – nouveaux modes de consommation, vieillissement de la population, révolution technologique, retour aux valeurs… – offrent des opportunités de business tous azimuts.

Tout imaginer

Ainsi, à l’heure du Web social, l’économie collaborative prend tout son sens. Son décollage fulgurant et son clonage dans des champs variés de l’économie en font un modèle à fort potentiel. Wepopp a, par exemple, imaginé une plate-forme collaborative pour les sorties entre amis. Trocmaison propose l’échange de maisons entre particuliers. MOPeasy commercialise des solutions d’auto-partage pour les entreprises. Cookening permet de réserver son couvert chez des particuliers. « On peut encore tout imaginer sur ce marché. Le stock d’idées est loin d’être épuisé », analyse Guilhem Bertholet, « serial entrepreneur » (Methodia, BD & Comm, WeLoveSaaS, Invox) et intervenant en entrepreneuriat à HEC. La preuve avec Youmiam, un réseau social de recettes de cuisine lancé l’an dernier. « Les internautes déposent leurs recettes en ligne. C’est tout bête mais nous sommes les premiers à le proposer. L‘originalité de notre concept repose sur la présentation en diaporama, facilement partageable », explique Théophile de la Bastie, qui vient de lever 300.000 euros auprès de « business angels ». La recherche de simplicité a également ouvert la voie à des business prometteurs. Le développement d’applications Web, de produits ou de services facilitant la vie des utilisateurs est une mine d’idées. Eredova a, par exemple, créé un spray pour avaler plus facilement ses médicaments. DaddyCoool a lancé un service de conciergerie pour les pères séparés. Roofbi a inventé un abri antipluie pour les cyclistes. Fitizzy a développé une application pour choisir en ligne la bonne taille de ses vêtements. « Nous vendons cette solution aux marques de prêt-à-porter pour limiter leurs taux de retour, dus à 70 % à une erreur de taille. Le marché est gigantesque. Si, par exemple, le site de vêtements Asos réduit ses retours de 1 %, il économise 16 millions de dollars », explique Sébastien Ramel, cofondateur de Fitizzy, lancé en 2013.

 

Dans cette quête de simplicité, les objets connectés tirent eux aussi leur épingle du jeu. C’est une tendance lourde, certes coûteuse en termes d’investissement, mais vouée à un bel avenir tant la high-tech s’invite partout, dans les foyers, les entreprises ou les collectivités. Slow Control s’est fait remarquer lors du dernier Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas avec Hapifork, une fourchette connectée qui aide à (re)prendre le contrôle de son alimentation en recueillant des informations sur son comportement alimentaire. Cette innovation vise autant le grand public que le marché de la santé : lutte contre l’obésité, problèmes de digestion, etc.

Retour du petit commerce

Des marchés plus traditionnels, comme la Silver économie (le marché des seniors) offre eux aussi de belles occasions de réussir. « Le vieillissement de la population est un phénomène connu mais encore mal exploité. Il y a tant de choses à inventer dans la médicalisation à distance, l’habitat, l’accès aux technologies, la gestion de la mobilité… » énumère Alain Cahen. Sans compter les services de loisirs, de tourisme, de coaching financier, voire ceux liés à la sexualité qu’il faudra apporter à cette population active de plus en plus longtemps. Car ce qui compte aujourd’hui, c’est bien le client final, sa satisfaction, son bien-être, sa fidélité. Les commerces commencent eux aussi à le comprendre avec des offres ou des produits personnalisés, orientés sur le service, la proximité et la qualité. « On revient à l’approche monoproduit avec des commerces hyperspécialisés : boutiques de savon, bars à mozzarella, magasins de noeuds papillon… dans lesquels les clients peuvent vivre une expérience quasi exclusive », constate Guilhem Bertholet, qui n’est pas loin de parier sur le retour des petits commerces.

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